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Free frame of reference
Marcel Duchamp pose un « nouveau cadre de référence » pour définir à la fois la nouvelle position de l’artiste et le nouveau regard à porter sur la définition de l’œuvre d’art. Il pose les fondations de ce nouveau cadre à partir de 1912 et, ce faisant anticipe de quarante années les nouvelles pratiques et productions artistiques, dites « contemporaines ».
« Frame of reference », changement de paradigme. C’est ce moment qui intéressait Duchamp. C’est ce moment, par définition insaisissable, du changement d’un état à un autre que Duchamp a sans cesse évoqué jusqu’à le transformer en concept — l’inframince.
Un groupe d’activistes de San Francisco, les « Diggers » a simplement et formidablement formalisé ce « free frame of reference ».[1]
Les Diggers, ce groupe d’activistes libertaires des années 1966-67 à San Francisco a pendant plus d’une année développé et propagé l’idée d’une société « free », dégagée de la référence à l’argent. Une de leur action a consisté à distribuer tous les jours gratuitement des plats cuisinés préparés bénévolement, non loin du carrefour Haight street / Ashbury street, sur le « Pahandle », un parc le long de Oak street. Les Diggers avaient fabriqué très matériellement un cadre vide au travers duquel chacun·e passait pour prendre ses repas. Il l’intitulaient le « free frame of reference ». Il s’agissait de matérialiser le changement d’état entre la société mercantile et la free society. D’un côté à l’autre du cadre chacun·e était le même, mais c’est la référence qui changeait.[2]
Marcel Duchamp pose un « nouveau cadre de référence » pour définir à la fois la nouvelle position de l’artiste et le nouveau regard à porter sur la définition de l’œuvre d’art. Il pose les fondations de ce nouveau cadre à partir de 1912 et, ce faisant anticipe de quarante années les nouvelles pratiques et productions artistiques, dites « contemporaines ».
« Frame of reference », changement de paradigme. C’est ce moment qui intéressait Duchamp. C’est ce moment, par définition insaisissable, du changement d’un état à un autre que Duchamp a sans cesse évoqué jusqu’à le transformer en concept — l’inframince.
Un groupe d’activistes de San Francisco, les « Diggers » a simplement et formidablement formalisé ce « free frame of reference ».[1]
Les Diggers, ce groupe d’activistes libertaires des années 1966-67 à San Francisco a pendant plus d’une année développé et propagé l’idée d’une société « free », dégagée de la référence à l’argent. Une de leur action a consisté à distribuer tous les jours gratuitement des plats cuisinés préparés bénévolement, non loin du carrefour Haight street / Ashbury street, sur le « Pahandle », un parc le long de Oak street. Les Diggers avaient fabriqué très matériellement un cadre vide au travers duquel chacun·e passait pour prendre ses repas. Il l’intitulaient le « free frame of reference ». Il s’agissait de matérialiser le changement d’état entre la société mercantile et la free society. D’un côté à l’autre du cadre chacun·e était le même, mais c’est la référence qui changeait.[2]
1926 "La mariée mise à nue par ses célibataires même" dite aussi "Le Grand Verre", non accidenté reproduction photographique 1935 Man Ray minotaure n°6. |
C’est exactement la même chose avec Marcel Duchamp. Tout son travail a consisté à explorer ce changement de référence et, dans le champ de l’art, le changement de référence fut travaillé par lui comme le changement de la mesure de l’espace et de toute chose, puis le changement du regard porté, la possibilité même de l’inversion du regard. Marcel Duchamp avait amorcé cette réflexion à partir des lectures de Nietzsche, de Stirner et de Bergson, a poursuivi par des interrogations sur la physique, dans le sillage des interrogations du physicien Poincaré puis cette réflexion s’est étendue jusqu’à interroger la relativité de toute chose dans l’ensemble de l’existence.
L’œuvre « La marie mise à nue par les célibataires même » autrement appelée « Le Grand Verre » est la matérialisation de cette réflexion sur le changement de référence.
[1] Les Diggers. Révolution et contre-culture à San Francisco (1966-1968), Alice Gaillard, Céline Deransart, Jean-Pierre Ziren, Éditions L'échappée, collection « Dans le feu de l’action », 2009.
[2] C’est avec le livre « l’autre côté du miroir » (Through the looking-Glass, Lewis Caroll) que M.D. initiait en 1916 à New-York ses élèves en français (Marc Décimo La bibliothèque de Marcel Duchamp peut-être, Les presses du réel, 2002, p99)